Bonjour Ă tous,
Quand on Ă©crit comme moi sur des sujets Ă©co, tech ou de financement, câest toujours trĂšs frustrant de voir que lâimmense majoritĂ© des entreprises ne dĂ©posent pas leurs comptes, alors que câest obligatoire. Ce qui ne les empĂȘche pourtant pas de parader en balançant des chiffres sur les rĂ©seaux sociaux ou dans des articles de blog, parfois mĂȘme en parlant de transparence ou de build in public.
Mieux, jâavais racontĂ© yâa quelques mois comment Swile avait mis en scĂšne le dĂ©pĂŽt de ses comptes comme une opĂ©ration de transparence⊠alors que la startup avait Ă©tĂ© condamnĂ©e suite Ă une assignation de son concurrent Glady1.
Alors forcĂ©ment, quand une histoire est vendue comme une rĂ©ussite, et quâelle permet de lĂ©gitimer une personne, la question de la rĂ©alitĂ© des chiffres se pose. Et en lâespĂšce, rares sont les chiffres qui ont fuitĂ© sur Feed., alors quâAnthony Bourbon nâest pas avare de dĂ©tails sur sa vie, se livrant dans de nombreuses interviews ou mĂȘme dans un livre.
Eh bien aprĂšs 1 an et demi, jâai les rĂ©ponses. Et câest la newsletter du jour.
Bonne lecture !
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Note sur les conflits dâintĂ©rĂȘts : Anthony Bourbon, Samuel Guez et Blast Club mâont assignĂ© Ă deux reprises en 2024 pour diffamation et atteinte au secret des affaires. Blast Club a Ă©tĂ© condamnĂ©e aux dĂ©pens Ă deux reprises.
Jâai reçu en juin dernier une notification prĂ©alable Ă une mise en examen pour diffamation, laissant entendre que les trois avaient probablement dĂ©posĂ© plainte avec constitution de partie civile.
Jâai pour ma part Ă©galement dĂ©posĂ© une plainte pour diffamation et harcĂšlement Ă lâencontre dâAnthony Bourbon.
Tout cela nâa aucune influence ni impact sur cette publication, qui paraĂźt simplement quelques temps aprĂšs que les informations essentielles me sont parvenues.
đ§ Feed the troll
En 2016, Anthony Bourbon a une idée. Une idée simple, mais qui va faire grincer des dents dans le pays de la gastronomie : remplacer un repas par une poudre à diluer. Le jeune juriste, qui jongle entre son travail et ses projets perso, en a marre de sauter des repas. Les options ? Des barres de régime hypocaloriques ou de la malbouffe sur le pouce. Frustrant.
Bourbon regarde ce qui se fait aux Ătats-Unis et se dit qu'il y a un coup Ă jouer en France. Effectivement : Soylent cartonne. L'expĂ©rience de Rob Rhinehart, qui avait attirĂ© l'attention sur Hacker News avec ses posts de blog, s'Ă©tait transformĂ©e en machine Ă cash. Une campagne de crowdfunding sur Tilt : 1,5M$ en prĂ©commandes. Puis la SĂ©rie A en janvier 2015 : 20M$ menĂ©e par Andreessen Horowitz. Le marchĂ© existe, c'est validĂ©.
Sauf qu'il veut faire mieux : sans OGM, sans gluten, sans lactose, 100% végétal. Un repas complet qui couvre tous les besoins nutritionnels.
En juin 2016, il crĂ©e officiellement Feed. Seul. Le produit n'est mĂȘme pas finalisĂ© qu'il ouvre les prĂ©commandes via des posts Instagram en janvier 2017. Jackpot : 10â000 commandes en une semaine. Sans un euro de marketing.
Le concept ? Le repas complet qui tient dans une bouteille. Une poudre nutritive à diluer, 650 kcal / portion, tous les nutriments recommandés. Rapidement, Feed ajoute des barres-repas pour ceux qui veulent croquer.
A posteriori, Anthony Bourbon raille ceux qui nây croient pas.2
« Si j'avais gagné un euro chaque fois que quelqu'un m'a dit que cela ne marcherait pas, je serais riche ! »
đ€ Shut up and tell me your money
Comme la plupart des startups, Feed. nâa jamais dĂ©posĂ© ses comptes. Comme la plupart des startups, ça nâempĂȘche pas Feed. de communiquer sur des chiffres.
Ă lâĂ©tĂ© 2017, alors que lâentreprise existe depuis un an, lâentreprise est dĂ©clarĂ©e rentable par Anthony Bourbon3.
« Notre [?] est déjà rentable et réalisera cette année plus de deux millions d'euros de chiffre d'affaires. »
Note : il manque un mot, mais câest probablement entreprise.
Dans la mĂȘme interview, Bourbon fanfaronne :
« Je leur ai dit [note : aux investisseurs] qu'on nâĂ©tait pas lĂ pour faire seulement 10M⏠mais plutĂŽt 100 voire 200. [âŠ] J'Ă©tais persuadĂ© de l'intĂ©rĂȘt de ce nom Ă dimension internationale, car la France ne reprĂ©sente qu'un seul marchĂ©.»
Sauf que selon mes informations, mĂȘme les 10M⏠dâont jamais Ă©tĂ© atteints.
Mais revenons un peu en arriĂšre.
Quelques mois aprĂšs avoir lancĂ© Feed., Anthony Bourbon rejoint le startup studio Senseii, qui pose 500K⏠dĂ©but 2017 selon lâinterview. 310K⏠selon mes informations, sur une valo post-money de 1,2MâŹ, qui laisse Ă Bourbon 75% du capital.
Mais effectivement le studio va remettre un peu moins de 200K⏠courant 2017 lors de la premiĂšre vraie levĂ©e de Feed, pour 3MâŹ.
Câest le milliardaire fondateur de Smartbox Pierre-Edouard StĂ©rin qui lead le tour avec ses 2,3M⏠pour 18% post Ă©mission (10,4% en participation4) du capital : 12,5% via sa holding personnelle, et 5,4% via le fonds Consumer dâOtium sur une valo autour de 22MâŹ. Senseii conserve un peu moins de 20%, Bourbon un peu plus de 50%. Le tour est complĂ©tĂ© par une obscure sociĂ©tĂ© chypriote (200KâŹ), puis par Kima (150KâŹ), puis quelques business angels, dont Antoine Martin et Alexis Bonillo (ex-Zenly, tout juste vendu Ă Snap Inc.) qui mettent 100K⏠chacun, puis Antoine Fine, partner chez Otium, qui investit Ă titre perso dans plusieurs investisseurs de Costumer (Kids Empire, Oh My Cream!, Merci Handy, PolĂšne etc.), et Camille Kriebitzsch, Ă©galement chez Otium. Les deux finiront par quitter StĂ©rin en 2018 pour crĂ©er le VC Eutopia⊠oĂč StĂ©rin posera 200K⏠au lancement. En rĂ©alitĂ© Eutopia est la suite dâOtium Brands.
Au mĂȘme moment, de lâautre cĂŽtĂ© de lâAtlantique, Soylent lĂšve 50M$.
DĂšs 2017-2018, c'est l'explosion des saveurs : chocolat, vanille, tomates-provençales. Plus de 55 recettes en quelques annĂ©es. Des barres "brownie chocolat", des poudres saveur lĂ©gumes quâon retrouve dĂ©jĂ chez Monoprix et Franprix.
Le tournant ? L'arrivĂ©e de Thierry Marx au printemps 2018. Le chef doublement Ă©toilĂ© entrerait5 au capital et co-dĂ©veloppe une ligne 100% bio lancĂ©e en juin. Feed by Thierry Marx : des barres et poudres bio avec le savoir-faire du grand chef. L'objectif Ă©tait de rĂ©concilier les sceptiques avec la smart food, selon les termes de lâentreprise.
2017 ne sera pas une mauvaise annĂ©e pour Feed. : lâargent frais lui permet dâaccĂ©lĂ©rer la production et surtout la distribution. Dâautant que le marketing agressif et percutant dâAnthony Bourbon marche bien sur la cible. A lâĂ©poque dĂ©jĂ , je me rappelle quâune partie du Twitter parisien dit influent moquait cet entrepreneur qui expliquait, en gros, quâun repas câĂ©tait du temps perdu, et que lui apportait une solution simple et efficace. Une communication grinçante et provocante qui ne manque pas de faire rĂ©agir ceux qui ne seront jamais clients, amplifiant un peu plus le message auprĂšs de ceux qui pourraient lâĂȘtre. Ce que ne cessera jamais de faire Bourbon. Et que je perpĂ©tue ici mĂȘme.
Au final, Feed. vend pour prĂšs de 2,5M⏠de barres pour une perte de 764KâŹ.
đ Glow up
Quant Ă Anthony Bourbon, il transfĂšre 7500 titres (â40% des parts) Ă sa holding mi 2018 qui lui permet dâafficher un capital social de 15,5MâŹ, gardant donc 2500 titres en direct (â13%), sâils nâont pas Ă©tĂ© vendus. Selon un proche du dossier de lâĂ©poque, cette valorisation serait en cohĂ©rence avec la sĂ©rie A qui Ă©tait en cours pour lâĂ©tĂ© 2018, valorisant Feed. Ă 37MâŹ.
Mais câest aussi cohĂ©rent avec les chiffres de vente de lâentreprise : certes les pertes explosent, mais le CA du S1 2018 est presque Ă©gal au CA 2017. Et la croissance sâaccĂ©lĂšre, ce qui amĂšne de bien jolis chiffres lorsque la sĂ©rie A Ă 10,3M⏠arrive, sur une valo autour de 35M⏠selon mes informations.
Cette fois câest Alven, via son FCPI Capital V qui lead avec 6,9MâŹ. StĂ©rin remet 1,45M⏠avec sa holding, 620K⏠via Otium Consumer, de mĂȘme que les deux ex-Zenly avec 140K⏠chacun. Suivent Ă©galement Colombe Investments (275KâŹ), quâon retrouve plusieurs fois sur des deals equity Bourbon/Blast, la FinanciĂšre Saint James (200KâŹ), ainsi que quelques BA (385KâŹ), dont Philippe Cantet, ex-patron dâInnocent, Philippe Courtin (100KâŹ) et un salariĂ© (50KâŹ).
Selon mes informations, câest Ă©galement Ă lâoccasion de cette sĂ©rie A quâAnthony Bourbon cashout une partie de ses actions, et vend un peu plus de 4% du capital pour environ 2MâŹ, alors que Senseii cherche Ă©galement Ă sortir.
đ„ž To the moon
CĂŽtĂ© finances, Feed. continue sa lancĂ©e et finit 2018 Ă 7,4M⏠de CA et 2019 Ă 9,4MâŹ. Le problĂšme câest que lâentreprise est trĂšs loin dâĂȘtre rentable. Et que la situation financiĂšre devient compliquĂ©e.
En 2019, Feed. segmente son offre. Une gamme Sport avec shakers protĂ©inĂ©s pour les muscles. Une gamme Light avec des repas Ă 250 kcal pour ceux qui veulent perdre du poids : pas des barres hypocaloriques de rĂ©gime, insiste la marque, mais de vrais repas nutritifs en format rĂ©duit. Et des snacks sains : barres Ă©nergĂ©tiques, raw bars, shakes protĂ©inĂ©s. Câest dĂ©sormais 3â500 points de vente qui sont revendiquĂ©s par la Feed. Ă la rentrĂ©e 2019, avec notamment Auchan et IntermarchĂ©, puis 1â500 de plus Ă la fin de lâannĂ©e. MĂȘme si la marque continue dâaffirmer faire 70% de son volume en ligne, ce qui amĂ©liorerait considĂ©rablement ses marges.
Mais fin 2018, Feed. a un peu moins de 6M⏠en banque. Avec moins de 9,5M⏠de CA et plus de 16M⏠de charges, la startup ne pourra pas finir lâannĂ©e 2019. Les investisseurs historiques ne croient en rĂ©alitĂ© pas Ă la capacitĂ© de Feed. de devenir rentable seul via son site internet, comme lâexplique le fondateur (en public, en tout cas) depuis le lancement : ils cherchent Ă adosser la marque Ă un groupe. Et câest finalement PepsiCo qui accepte.
Pourtant, en mai, Anthony Bourbon est invitĂ© de StĂ©phane Soumier sur BFM Business, qui ne tarit pas dâĂ©loge sur lâentrepreneur. Proposant mĂȘme que Feed. soit dans le Next40 aprĂšs avoir fait une belle promo, produit en main. Et Bourbon dĂ©roule devant le prĂ©sentateur hilare son histoire habituelle, sur les riches, les grandes Ă©coles et bla-bla-bla, et 1G⏠de CA en 5 ans.
« Jâai la chance de venir dâune famille pauvre. »
Mais câest aprĂšs que câest intĂ©ressant.
« On parle avec des industriels et on a reçu des propositions de rachat, mais jâaurais jamais du les recevoir dans mon bureau. Câest une perte de temps. Ils sont incapables de se projeter dans lâavenir. Incapables de savoir ce dont a besoin le peuple. »
Soumier sourit, béat.
Sauf que fin 2019, câest PepsiCo qui permet Ă Feed. de souffler et de sâafficher Ă un peu moins de 60M⏠pour une levĂ©e de 12,2MâŹ. Outre les 4,5M⏠de PepsiCo, câest Ă©videmment sa capacitĂ© de distribution qui est recherchĂ©e ici. Parce que si la marque est surtout connue pour ses boissons (7Up, Gatorate, Lipton, Soda Stream), son nom date de 1965, date de sa fusion avec Frito-Lay (Cheetos, Doritos, Layâs). Confiants, Alven remet 3,5MâŹ, ainsi que plusieurs historiques, et quelques nouveaux comme Simon Munir (1MâŹ) magnat monĂ©gasque des canassons, Dylan Deschamps, fils de Didier, qui fait dâailleurs parti des escroquĂ©s de The Family, ou encore Guy Stephan (ex-entraĂźneur adjoint de lâĂ©quipe de France) et Colomb Investment. Un trio quâon retrouvera rĂ©guliĂšrement dans les deals de Blast ou dâAnthony Bourbon. Dont on reparlera un jour.
Mais en rĂ©alitĂ©, cette pseudo-sĂ©rie B nâest quâun bridge qui permet de donner de lâair et de donner du temps Ă tout le monde pour prĂ©parer la vraie sĂ©rie B prĂ©vue au sortir de lâhiver⊠en plein Covid. LâidĂ©e Ă©tant de lever 16M⏠supplĂ©mentaires, sur une valo de 85MâŹ, afin de permettre lâexpansion de Feed.
LâannĂ©e suivante PepsiCo est dâailleurs devenu lâactionnaire de rĂ©fĂ©rence dâAirUp, aux cĂŽtĂ©s du VC allemand Frank Thelen, qui est lâune des figures de Shark Tank en Allemagne, connu en France sous le nom Qui veut ĂȘtre mon associĂ© ? La marque a Ă©galement investi dans True Health (laits alternatifs) et avait rachetĂ© la marque de kombucha KeVita pour 200M⏠et les barres Health Warrior pour 11MâŹ. Une activitĂ© « largement rentable », selon un cadre de PepsiCo.
đ„ And now ladies and gentlemenâŠ
Que sâest-il passĂ© depuis ? Eh bien difficile Ă dire. La marque est dĂ©sespĂ©rĂ©ment calme. Plus une seule publication Ă ses 125K followers sur Facebook depuis 2021, et rien non plus du cĂŽtĂ© des publicitĂ©s. Plus rien sur Twitter depuis fin 2022. De lâautre cĂŽtĂ© de Meta, chez Instagram, les 122K followers ne sont que 10 Ă liker la derniĂšre publication, la seule Ă laisser ses likes visibles. Et on peut pas dire que la stratĂ©gie conventionnelle et plate, trĂšs loin du compte beaucoup plus crĂ©atif et inspirationnel de Bourbon, aide Ă relancer la marque⊠Et quand des clients Ă©crivent⊠ce nâest pas vraiment positif, et ça reste sans rĂ©ponse.
Quant au blog, il vit au rythme dâune publication par mois, sans grand intĂ©rĂȘt, qui semble uniquement destinĂ© Ă faire du SEO, avec des textes et des images dĂ©jĂ vu des milliers de fois.
Selon un VC investisseur, malgrĂ© son salaire de 125K⏠/ an (transformĂ©s en facture par la suite), Anthony Bourbon se serait petit Ă petit dĂ©sinvesti de Feed., jusquâĂ ne plus avoir vraiment de rĂŽle opĂ©rationnel. Mais courant 2020, il publie alors sur LinkedIn une publication qui sâappelle Ă©tonnamment : « Le Covid va sauver Feed. »6, alors que, probablement, personne ne savait que Feed. Ă©tait Ă sauver. En tout cas publiquement.
Quant Ă lâinfo de lâarrivĂ©e de PepsiCo, il faudra attendre un article de mai 20227, soit plus de deux ans et demi aprĂšs, pour que ça devienne public. Pourtant, selon les diffĂ©rents acteurs du dossier, câest bien la multinationale qui dĂ©cide de la stratĂ©gie de lâentreprise depuis.
Pour les AmĂ©ricains, Feed. Ă©tait un pari sur leur capacitĂ© Ă Ă©merger dans un secteur ultra sucrĂ© avec de gros risques rĂ©glementaires Ă venir, voire rĂ©putationnel. Aujourdâhui, selon le mĂȘme cadre câest Feed. est « un non sujet ». Comprenez : un parmi dâautres.
De quoi valoriser lâentreprise 200MâŹ, chiffre que fait fuiter lâentreprise rĂ©guliĂšrement ?8
« Jamais » rĂ©pond clairement un investisseur qui aimerait depuis un moment sortir. Parce que si Anthony Bourbon annonçait des chiffres Ă plusieurs dizaines de millions de CA9 en rĂ©alitĂ© le business sâest largement ralenti depuis lâarrivĂ©e de PepsiCo. En 2021, il dĂ©clarait mĂȘme :
« Enfin, aprÚs avoir réalisé une levée de fonds par an depuis trois ans, nous sommes enfin rentables cette année »
Et mĂȘme si lâentreprise nâa jamais souhaitĂ© donner ses chiffres, cette information est fausse, et voici les rĂ©sultats de Feed. :
Les chiffres 2017-2022 sont vĂ©rifiĂ©s et comptables, et ceux dâaprĂšs sont issues dâestimation recoupĂ©es.
A fin 2022, il restait un peu plus de 4,5M⏠sur les comptes de Feed., de quoi tenir⊠jusquâen 2025, en comptant le prĂȘt de 750K⏠obtenu en 2021, selon les estimations de lâĂ©poque. Mais le redressement de ces derriĂšres annĂ©es laisse sans doute plus de temps.
EDIT 14/07 20H10 : corrections des chiffres 2023-2024
Pourtant, Ă Bpifrance, Anthony Bourbon affirmait10 :
« Nous avons compris quâil nâĂ©tait plus possible de fonctionner ainsi et nous avons dĂ©cidĂ© de placer la rentabilitĂ© au cĆur de nos choix stratĂ©giques. Nos dĂ©penses ont Ă©tĂ© divisĂ©es par 10 entre janvier 2019 et janvier 2022, tandis que le flux est restĂ© le mĂȘme sur le site Internet et que le chiffre dâaffaires a progressĂ© de maniĂšre enfin saine. »
Alors, Feed., bientĂŽt dans les annonces Bodacc pour un petit RJ ? Probablement pas.
Aujourdâhui le site nâest plus quâun Shopify visitĂ© quelques dizaines de milliers de fois par mois, quasi-exclusivement en France, et le gros de son chiffre se fait via le forcing de PepsiCo pour rĂ©fĂ©rencer les produits en magasins physiques.
Pour PepsiCo câest un produit de fond de catalogue dans un marchĂ© de la barre trĂšs profond, et en Ă©volution, oĂč il occupe la 1Ăšre place, devant General Mills et Kellogg, mais qui a dĂ©jĂ Ă©tĂ© dĂ©fĂ©rencĂ© de plusieurs enseignes, comme Carrefour, dont un acheteur me confie que la demande Ă©tait trop faible, et le prix trop Ă©levĂ©, mais reste chez Auchan ou Monoprix.
Cela dit, si pour PepsiCo câest un investissement un peu au rebus, quâils finiront probablement par cut un jour, pour les investisseurs, câest entre le poids morts et le sparadrap de du Capitaine Haddock. Parce que contrairement aux affirmations de Bourbon, Feed. nâa jamais valu 200MâŹ, et ne vaut aujourdâhui plus grand chose, selon la valorisation interne dâun des VC11 :
Amer, un investisseur me dit quâil voudrait vendre mais quâun actionnaire de rĂ©fĂ©rence, qui ne serait pas PepsiCo lâen empĂȘche via une clause. Avant dâavouer :
« En mĂȘme temps, personne nâen voudra. MĂȘme Ă -75%. »
Soylent, lui, a Ă©tĂ© rachetĂ© pour 25MâŹ.
De son cĂŽtĂ©, Anthony Bourbon a rejoint le casting de Qui veut ĂȘtre mon associĂ© ? depuis dĂ©but 2021, et a lancĂ© son Blast club grĂące Ă cette lĂ©gitimitĂ©. AprĂšs avoir cashout 30M⏠en 2024 (valo 150MâŹ) en vendant 20% Ă ses clients, il12 vient de vendre une nouvelle fois des parts pour 10M⏠sur une valo de 250MâŹ.
Quant Ă savoir sâil est vraiment le business angel quâil dit ĂȘtre, multipliant les rounds dans des startups Ă succĂšs⊠il faudra attendre une prochaine newsletter.
Nourriture du futur : Feed lĂšve trois millions d'euros, Les Echos, 4 juillet 2017
Nourriture du futur : Feed lĂšve trois millions d'euros, Les Echos, 4 juillet 2017
Le pourcentage de 10,40âŻ% correspond Ă la participation consolidĂ©e de la holding de StĂ©rin et dâOtium Consumer sur une base diluĂ©e, intĂ©grant probablement les BSPCE et BSA prĂ©vus lors du tour de financement. Ce chiffre diffĂšre du pourcentage capitalistique immĂ©diat post-Ă©mission (â 17,9âŻ%) en raison de la prise en compte des instruments dilutifs et du capital pleinement diluĂ© projetĂ©.
Je nâai trouvĂ© aucune trace de son entrĂ©e
Le discret appétit de PepsiCo pour le français Feed, Olivia Détroyat, Le Figaro, 25 mai 2022
Anthony Bourbon (Feed) : une ambition nourrie par la réussite financiÚre, Les Echos, décembre 2021
Feed, Ledger, EasyVoyage, Qapa... Que deviennent les entreprises fondĂ©es par le jury de "Qui veut ĂȘtre mon associĂ© ?", Matis Demazeau, 7 fĂ©vrier 2024
Anthony Bourbon « Avec Feed., On A Tué Le Marché De La Smart Food ! », Dominique Busso, Forbes, 11 mars 2019
Se réinventer en temps de crise, l'exemple de Feed, Bpifrance, 15 septembre 2022
Ces valorisations sont celles au bilan, et ne reflÚtent donc pas forcément la valorisation au moment de la levée
Avec son associé Samuel Guez
40m⏠de cash-out, et c'est pas fini... Ăa paye si bien d'ĂȘtre un charlatan.
Merci pour cette analyse détaillée.