Bonjour Ă tous,
2005, câĂ©tait yâa 20 ans. Câest lâannĂ©e de la mort de Jean-Paul II, remplacĂ© par BenoĂźt XVI, de lâentrĂ©e en vigueur du protocole de Kyoto (qui donnera le jour aux DPE) ou du non Ă la Constitution EuropĂ©enne (lol). Câest aussi lâannĂ©e oĂč Christopher Nolan reboot Batman, oĂč Mike Newell sort le meilleur Harry Potter (je nâaccepte aucun dĂ©bat) alors quâon Ă©coute encore The Pussycats Dolls, quâon dĂ©couvre seulement Pink et que le gĂ©nie Kanye West sort Late Registration.
Alors quâon aura passĂ© des annĂ©es Ă se demander sâil faut sĂ©parer lâhomme de lâartiste, lâartiste de lâĆuvre, Kanye West lui, vend des t-shirt avec des crois gammĂ©es dans une collection quâil a appelĂ© HH.
En 2005, le marché immobilier affiche tout juste 800K transactions alors que les taux sont au plus bas depuis 20 ans : certains arrivent à négocier sous les 3% !
Et câest aussi cette annĂ©e lĂ oĂč M6 recrute un agent immobilier qui va non seulement installer un des programmes phares de la chaĂźne, mais en devenir un des visages les prĂ©fĂ©rĂ©s des Français.
Difficile de revenir sur ces deux dĂ©cennies entre StĂ©phane Plaza et M6, tellement le marchĂ© de lâimmobilier, mais aussi de la tĂ©lĂ©vision a changĂ©, notamment bousculĂ© par le digital.
Ensemble, ils ont construit un des principaux empires immobilier de France. Mais dont lâavenir semble aujourdâhui trĂšs incertains.
Retour sur cette histoire qui fera date dans lâhistoire de lâimmobilier, de la tĂ©lĂ©vision, et sans doute du marketing.
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âšPlaza Margarita
En 2005, la tĂ©lĂ©vision cherche son animateur immobilier. Ă lâĂ©poque, le petit Ă©cran sâest dĂ©jĂ emparĂ© de la cuisine avec Top Chef, du talent avec Nouvelle Star, mais un domaine reste encore un terrain vague : lâimmobilier. M6 veut surfer sur la vague des Ă©missions de coaching qui cartonnent Ă lâĂ©tranger et confie Ă RĂ©servoir Prod, la sociĂ©tĂ© fondĂ©e par Jean-Luc Delarue (passĂ©e chez LagardĂšre en 2013 et rachetĂ©e par Mediawan en 2020), le soin de dĂ©nicher la perle rare.
Câest au salon de lâimmobilier de Paris quâils tombent sur un certain StĂ©phane Plaza. Ă 35 ans, il dirige une agence Era Immobilier, un rĂ©seau de franchise importĂ© des Ătats-Unis en 1971. Lâhomme nâa rien dâun requin de la vente. Son parcours est tout sauf linĂ©aire : aprĂšs un baccalaurĂ©at ratĂ©, trois options improbables sâoffrent Ă lui â secrĂ©taire mĂ©dical, croupier ou agent immobilier. Il choisit la derniĂšre, presque par dĂ©faut, et sâinstalle dans le mĂ©tier sans ambition particuliĂšre.
Ă ce moment-lĂ , la tĂ©lĂ©vision nâest quâun mirage. Il vit dans un 30mÂČ au TrocadĂ©ro, loin des strass et des projecteurs. Son unique incursion dans le monde du spectacle se limite Ă quelques castings de théùtre. Mais RĂ©servoir Prod a besoin dâun vrai professionnel du secteur pour crĂ©dibiliser son concept. Plaza passe un casting sauvage, sans trop y croire. La vidĂ©o, exhumĂ©e des annĂ©es plus tard par M6, rĂ©vĂšle un jeune homme aux cheveux gominĂ©s, habillĂ© tout en noir, avec cette gouaille spontanĂ©e qui fera son succĂšs.
Le concept sâaffine et Recherche Appartement ou Maison est lancĂ© en fĂ©vrier 2006. Premier test grandeur nature : aider deux jeunes filles du Sud, sans emploi, en quĂȘte dâune colocation Ă Paris. DĂšs les premiĂšres sĂ©quences, le ton est posĂ©. Plaza nâest pas un animateur figĂ© derriĂšre un bureau. Il est naturel, blagueur, parfois maladroit, un Ă©quilibre parfait entre expertise et comĂ©die.
Le succĂšs nâest pas immĂ©diat, mais la formule fonctionne. Un an plus tard, Maison Ă vendre dĂ©barque sur les Ă©crans et change la donne. LâĂ©mission sĂ©duit 2,5M de tĂ©lĂ©spectateurs en moyenne, flirtant parfois avec les 3M. Un triomphe inattendu. LĂ oĂč TF1 et France 2 ont Ă©chouĂ© Ă rendre lâimmobilier grand public, M6 tient son phĂ©nomĂšne.
Mais derriĂšre cette ascension, il nây a rien dâun coup de chance. Plaza insuffle un grain de folie Ă un sujet austĂšre. Lui-mĂȘme se dĂ©crit comme un « croisement entre Mr Bean et Pierre Richard ». Un mĂ©lange dâexpertise et de gaffes qui sĂ©duit immĂ©diatement le public. Pourtant, la cĂ©lĂ©britĂ© ne rime pas immĂ©diatement avec richesse. Pendant prĂšs dâune dĂ©cennie, ses revenus restent ceux dâun agent immobilier.
Jusquâau jour oĂč un contrat colossal va tout faire basculer.
đșïžPlaza 4 Fromages
En 2014, M6 cherche Ă capitaliser sur ses succĂšs tĂ©lĂ©visĂ©s. Depuis des annĂ©es, la chaĂźne ne se contente plus de diffuser des programmes : elle les transforme en marques lucratives. Capital sâest dĂ©clinĂ© en magazines, E=M6 en jouets Ă©ducatifs. Et si lâimmobilier devenait Ă son tour un business Ă part entiĂšre ?
Sur le papier, le pari est Ă©vident. StĂ©phane Plaza est devenu une figure incontournable du paysage audiovisuel français. Son style inimitable â un mĂ©lange de sĂ©rieux et de maladresse assumĂ©e â a conquis le public. Il incarne un mĂ©tier qui passionne les Français, dans un pays oĂč la propriĂ©tĂ© est un rĂȘve autant quâun parcours semĂ© dâembĂ»ches. Mais paradoxalement, lâanimateur lui-mĂȘme ne se projette pas dans cette Ă©volution, comme il le confie en 2021 Ă GQ1 :
« Jâai toujours voulu faire de lâimmobilier et pas forcĂ©ment ĂȘtre animateur »
La chaĂźne, elle, voit plus grand. Elle veut transformer la notoriĂ©tĂ© de Plaza en empire. LâidĂ©e est simple : sâappuyer sur sa popularitĂ© pour crĂ©er un rĂ©seau national dâagences immobiliĂšres sous son nom. Une opĂ©ration oĂč chacun trouve son compte. M6 diversifie ses sources de revenus, Plaza capitalise sur son image, et le grand public, rassurĂ© par un visage familier, se voit proposer un service clĂ© en main.
Le concept est lancé. Reste à savoir si la notoriété va suffi.
âïž Plaza Calzone
2014 nâest pas un hasard. Cette annĂ©e-lĂ , lâimmobilier français vit un bouleversement majeur avec lâentrĂ©e en vigueur de la loi ALUR (AccĂšs au Logement et un Urbanisme RĂ©novĂ©), promulguĂ©e le 24 mars par CĂ©cile Duflot. Ce texte modifie en profondeur les rĂšgles du mĂ©tier et introduit un changement dĂ©cisif : la crĂ©ation du statut de mandataire immobilier.
Jusquâalors, ouvrir un rĂ©seau national dâagences Ă©tait un dĂ©fi financier colossal. La loi Hoguet, en vigueur depuis 1970, imposait aux agents immobiliers de possĂ©der une carte professionnelle, un local commercial et des garanties financiĂšres importantes. Chaque nouvelle agence nĂ©cessitait donc de mobiliser des fonds considĂ©rables, sans certitude de rentabilitĂ©.
Mais ALUR change la donne. DĂ©sormais, un agent commercial peut exercer en tant que mandataire, sans carte professionnelle, sans local, et surtout sans immobilisation financiĂšre2. Un modĂšle qui ouvre la porte aux rĂ©seaux de franchise « low cost », oĂč les mandataires travaillent sous lâĂ©gide dâune marque, mais sans les contraintes dâune agence physique. IAD lâa bien compris : dĂšs 2014, son nombre de mandataires explose, passant de 800 Ă 2 000 en quelques mois.
M6, toujours Ă lâaffĂ»t dâopportunitĂ©s, voit dans cette transformation une occasion en or. Depuis des annĂ©es, la chaĂźne ne se contente plus de produire des Ă©missions : elle les transforme en business. AprĂšs Capital dĂ©clinĂ© en magazine et E=M6 en jouets Ă©ducatifs, pourquoi ne pas faire de lâimmobilier une marque rentable ? StĂ©phane Plaza, qui cumule prĂšs dâune dĂ©cennie dâantenne, semble ĂȘtre lâhomme idĂ©al pour porter ce projet. Il est agent immobilier de formation, star du petit Ă©cran, et surtout, il dĂ©tient encore sa carte professionnelle, un atout indispensable pour superviser un rĂ©seau de mandataires3.
LâĂ©quation semble parfaite. M6 apporte lâargent et lâexpertise en franchise, Plaza incarne la notoriĂ©tĂ© et la crĂ©dibilitĂ©, et le nouveau cadre lĂ©gal permet de minimiser les risques.
Mais Ă lâheure de trancher, M6 recule. Le cadre juridique des mandataires reste encore incertain, et la chaĂźne redoute dâĂ©ventuelles complications lĂ©gales. PlutĂŽt que dâopter pour un rĂ©seau de mandataires comme IAD ou Safti, elle choisit un modĂšle plus classique, avec des agences physiques sous franchise, plus cohĂ©rent avec lâimage traditionnelle et de M6, et de Plaza.
Le 17 octobre 2014, la dĂ©cision est actĂ©e : StĂ©phane Plaza Immobilier (quâon appellera SPI par la suite) est officiellement créée. Un rĂ©seau dâagences immobiliĂšres traditionnelles, adossĂ© Ă une marque dĂ©jĂ installĂ©e dans lâinconscient collectif des Français.
Lâaventure peut commencer.
đȘ Plaza Custom
Lâhistoire de SPI est donc avant tout celle dâune alliance stratĂ©gique entre M6 et son animateur star. DĂšs le dĂ©part, lâaccord repose sur un principe simple : Plaza apporte son nom, M6 apporte les fonds et garde le contrĂŽle.
Via sa SP Holding, Stéphane Plaza met sur la table :
La jouissance des marques StĂ©phane Plaza Immobilier, StĂ©phane Plaza et Plaza Immobilier, quâil avait dĂ©posĂ©es pour ses propres agences :
Les droits relatifs à son image, un actif clé pour la notoriété du futur réseau.
Un apport valorisĂ© Ă 800KâŹ, qui lui permet de rĂ©cupĂ©rer 8M dâactions Ă 0,10âŹ, soit la quasi-totalitĂ© du capital initial de 1,6MâŹ. Un montage oĂč le vĂ©ritable levier financier nâest autre que son nom, puisquâil ne met pas un centime dans lâopĂ©ration.
TrĂšs vite, deux figures du secteur immobilier entrent au capital :
Bernard de CrĂ©miers et Patrick-Michel Khider de Lusigny, fondateurs de LaforĂȘt, investissent 800K⏠;
M6 Créations injecte 2,5M⏠en capital et 1M⏠en produits dérivés.
Résultat : Plaza devient largement minoritaire dans la franchise qui porte son nom :
M6 â 48%
StĂ©phane Plaza â 26,3%
Bernard de CrĂ©miers â 13,2%
Patrick-Michel Khider de Lusigny â 13,2%
Si Plaza est le visage du projet, il en est loin dâĂȘtre le patron, un sujet qui, encore aujourdâhui nâest pas trĂšs clair pour une partie des franchisĂ©s. Les fondateurs de LaforĂȘt prennent les commandes : prĂ©sident et directeur gĂ©nĂ©ral. Lui, se contente dâun rĂŽle de reprĂ©sentation, limitĂ© Ă 10 jours de prestations par an pour des campagnes publicitaires, des Ă©vĂ©nements promotionnels et des relations presse. Tout cela, Ă©videmment, en plus de sa rĂ©munĂ©ration et de ses parts dans lâentreprise.
Si M6 est actionnaire, câest aussi lâarchitecte du projet et la chaĂźne tient Ă garder les commandes. Le groupe pose des garde-fous :
Une majorité au comité de surveillance (4 membres).
Un droit de veto sur toutes les décisions stratégiques.
Une obligation dâobtenir 2/3 des voix pour toute dĂ©cision majeure.
Un verrouillage des futurs tours de financement.
Une option de sortie garantie avec un ratio de conversion minimum.
Initialement, le rĂ©seau devait sâappeler Plaza Immobilier. Mais un plaisantin avait dĂ©jĂ dĂ©posĂ© le nom Ă lâINPI, forçant lâanimateur Ă rebaptiser son projet StĂ©phane Plaza Immobilier⊠et Ă attaquer le squatteur de marque en justice pour 70KâŹ.
Mais ce nâest quâun dĂ©tail comparĂ© Ă un autre verrou juridique : Plaza nâest mĂȘme pas totalement libre de son image. En rĂ©alitĂ©, M6 dĂ©tient dĂ©jĂ les droits exclusifs dâexploitation de son nom et de son image, et M6 CrĂ©ations met une clause lui accordant⊠15 jours pour valider toute communication utilisant son image. Le tout pour un contrat sur 40 ans !
Dans le monde de lâimmobilier, lâarrivĂ©e dâun rĂ©seau portĂ© par une star de la tĂ©lĂ© ne passe pas inaperçue. Et elle passe surtout trĂšs mal, surtout dans un marchĂ© qui commence Ă se faire chahuter par le modĂšle des mandataires.
LaforĂȘt est le premier Ă prendre ses distances. Lâenseigne rappelle que ses fondateurs ont vendu leurs parts dĂšs 2004 et quittĂ© le groupe en 2010, et publie un communiquĂ© cinglant :
« Le Groupe LaforĂȘt tient Ă prĂ©ciser quâil nâest en rien impliquĂ© dans les activitĂ©s de la sociĂ©tĂ© StĂ©phane Plaza Franchise et ne lui apporte aucun concours Ă quelque titre et sous quelque forme que ce soir »
MĂȘme giga seum du cĂŽtĂ© dâOrpi, dont le patron Bernard Cadeau voit un clair conflit dâintĂ©rĂȘts4 :
« En tant que patron de rĂ©seau, jâaurai du mal Ă regarder la chaĂźne du mĂȘme Ćil pour y placer de la publicitĂ©. »
đ Plaza Ă volontĂ©
Le rĂ©seau SPI repose sur un modĂšle classique de franchise. LâidĂ©e est simple : capitaliser sur la notoriĂ©tĂ© de lâanimateur et proposer des outils standardisĂ©s en Ă©change de paiements rĂ©guliers et de royalties. Un fonctionnement bien connu de M6 CrĂ©ations, qui a dĂ©jĂ exploitĂ© ce type de licence avec dâautres marques du groupe. DĂšs 2015, le rĂ©seau devient lâune des attractions majeures du Salon de la Franchise.
Contrairement Ă dâautres enseignes du secteur, la sociĂ©tĂ© mĂšre ne possĂšde aucune agence en propre. Son rĂŽle se limite Ă :
Vendre la licence de marque ;
Former les franchisés ;
Centraliser le marketing ;
ContrĂŽler lâimage du rĂ©seau.
Pour rejoindre lâenseigne, les franchisĂ©s doivent respecter des conditions strictes :
Sâacquitter dâun droit dâentrĂ©e de 20K⏠(30K⏠aujourdâhui) ;
Verser 6% de leur chiffre dâaffaires en royalties + 2% de redevance publicitaire ;
Adopter une charte graphique imposée ;
Participer aux campagnes marketing nationales.
Le dĂ©ploiement du rĂ©seau suit une stratĂ©gie progressive. Une premiĂšre agence pilote ouvre dans le 11e arrondissement de Paris, suivie de deux autres dans le 7e et le 15e. Lâobjectif est ambitieux : atteindre 40 agences dâici fin 2015 et 250 dâici 2020.
Les agents immobiliers voient eux dâun trĂšs bon Ćil cette opportunitĂ©. Parce que les conditions sont globalement identiques Ă Century 21 (25K⏠dâentrĂ©e, 6% de royalties + 2% de redevance publicitaire), Era (22,5KâŹ, 6+2%) ou Guy Hoquet (28,5KâŹ, 4+1%). MĂȘme si les conditions vont varier avec le temps : par exemple, SPI va finalement ajouter un abonnement mensuel, Ă la maniĂšre de Guy Hoquet. Sauf quâĂ©videmment, lĂ oĂč les autres souffrent de lâimage austĂšre (au mieux) des agences immobiliĂšres, SPI propose celle dâune star de la tĂ©lĂ©.
Mais surtout quand StĂ©phane Plaza Immobilier se lance vĂ©ritablement en 2016, le marchĂ© immobilier est en pleine euphorie. Les taux dâintĂ©rĂȘt atteignent des niveaux historiquement bas, consĂ©quence directe des politiques monĂ©taires des banques centrales qui tentent de relancer lâĂ©conomie aprĂšs plusieurs crises successives. Pour la premiĂšre fois, les taux de crĂ©dit immobilier passent sous la barre des 2%, avant de stagner autour de 1% entre 2020 et 2022.
Avec un pouvoir dâachat dopĂ© par ces taux planchers, le marchĂ© explose. Les prix grimpent, les volumes de transactions battent record sur record, et tout lâĂ©cosystĂšme sâemballe. Jamais la France nâa comptĂ© autant dâagents immobiliers, de mandataires et de courtiers en crĂ©dit. Ă Paris, les agents immobiliers sont plus nombreux⊠que les boulangeries.
Dans cet environnement oĂč tout est finançable⊠tout se vend.
Lâimmobilier, dĂ©jĂ un sujet trĂšs français, devient carrĂ©ment une obsession nationale, et M6 en profite. Maison Ă vendre bat ses records dâaudience, dĂ©passant rĂ©guliĂšrement les 4M de tĂ©lĂ©spectateurs et se classant quasi systĂ©matiquement en 2e position derriĂšre TF1. Recherche Appartement ou Maison passe en quotidienne, alimentant Ă la fois le rĂȘve dâaccession Ă la propriĂ©tĂ© et lâattrait pour le mĂ©tier dâagent immobilier, prĂ©sentĂ© comme une voie dâaccĂšs rapide Ă la rĂ©ussite. Un sacrĂ© combo oĂč la chaĂźne et SPI gagnent sur tous les tableaux.
Le groupe y croit, au point dâinvestir lâĂ©quivalent de 15M⏠en spots publicitaires pour en faire la rĂ©clame56.
Lâexpansion du rĂ©seau est spectaculaire. En 2022, SPI ouvre sa 600e agence et dĂ©passe des enseignes bien Ă©tablies comme Foncia (500 agences), Guy Hoquet (450) ou Nestenn (330), se plaçant juste derriĂšre les historiques LaforĂȘt (700) et Century 21 (850). En 2023, le nombre dâagences atteint les 700.
CĂŽtĂ© finances, les rĂ©sultats suivent la mĂȘme courbe ascendante. En 2021, comme lâensemble du secteur, le groupe rĂ©alise des bĂ©nĂ©fices records, et distribue lâintĂ©gralitĂ© de son rĂ©sultat sous forme de dividendes. Comme quasiment chaque annĂ©e.
2016 - CA : 2,6M⏠- Dividendes : 0âŹ
2017 - 8M⏠- / 941K⏠(sur 2,3M⏠de bénéfice)
2018 - 11,4M⏠- 2,8M⏠(sur 2,9MâŹ)
2019 - 14,8M⏠- 4,9MâŹ
2020 - 16,5M⏠- 6MâŹ
2021 - 22M⏠- 10MâŹ
2022 - 25,1M⏠- 12,8MâŹ
2023 - 21,3⏠- 8,9MâŹ
Au total, 48M⏠ont Ă©tĂ© versĂ©s aux actionnaires, dont environ 16,5M⏠pour StĂ©phane Plaza himself. De quoi largement complĂ©ter son salaire dâanimateur, estimĂ© Ă environ 30K⏠par mois, bien quâil ait Ă©tĂ© rĂ©duit dâau moins un tiers depuis 2022 selon une source au sein de M6.
Dâautant que fin 2021, M6 rachĂšte 2% des parts dĂ©tenues par le duo fondateur de LaforĂȘt pour 2,5MâŹ, valorisant ainsi StĂ©phane Plaza Immobilier Ă 125MâŹ. Et la participation de Plaza Ă environ 31MâŹ.
Un joli placement pour celui qui, au dĂ©part, ne voulait pas ĂȘtre animateur.
đ Plaza sans anchois
Mi-2022, le marchĂ© immobilier commence Ă se retourne. Certains pointent du doigt la guerre en Ukraine comme Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur, mais le phĂ©nomĂšne Ă©tait dĂ©jĂ en gestation. Depuis la crise du Covid, les banques centrales ont inondĂ© lâĂ©conomie de liquiditĂ©s, sans crĂ©ation de richesse Ă©quivalente. En recourant massivement Ă des politiques monĂ©taires non conventionnelles, elles ont dĂ©clenchĂ© une vague inflationniste qui finit par rattraper le marchĂ©.
Lâimmobilier en est lâillustration parfaite.
Des taux historiquement bas ont permis un afflux de liquiditĂ©s sans prĂ©cĂ©dent, dopant artificiellement la demande. Plus quâun simple moteur du marchĂ©, ces conditions financiĂšres ont transformĂ© le comportement des acheteurs : avec des crĂ©dits Ă 1 %, une mensualitĂ© Ă©quivalente permettait dâacquĂ©rir un bien plus grand ou mieux situĂ©. Cette capacitĂ© dâachat boostĂ©e a alimentĂ© une flambĂ©e des prix, trimestre aprĂšs trimestre.
Avec le recul, il ne fait aucun doute que lâexplosion des prix Ă©tait avant tout une consĂ©quence directe de ces taux planchers. Et lorsque les banques centrales dĂ©cident de resserrer la vis, le marchĂ© ne tarde pas Ă en subir les effets.
Jâavais dĂ©jĂ abordĂ© le sujet dans deux newsletters :
SCPI : une grande débùcle à plusieurs milliards, octobre 2024
Mais pour situer un peu, voici quelques données qui permettent de mieux cerner le problÚme, en prenant un peu de hauteur7.
Taux des crédits immobiliers aux particuliers (en %)8
Ensemble des marchés
Ăvolution du prix des logements9
Par groupe de villes, base 100 en janvier 2014
Volumes de transactions en France (hors Mayotte)1011
A fin mai 2023
Montant mensuel des nouveaux crédits destinés à l'habitat
Hors renĂ©gociations, en GâŹ12
Depuis, lâimmobilier souffre. Partout, la hausse des taux a fait plier les prix, consĂ©quence logique du risque et des mensualitĂ©s plus Ă©levĂ©es. Mais en France, lâajustement est bien plus lent.
En revanche, le choc se ressent violemment sur les volumes. Les transactions sâeffondrent. Pendant des annĂ©es, le marchĂ© sâest structurĂ© autour dâun rythme annuel de 1,2M de ventes, bien au-dessus de la moyenne historique du XXIe siĂšcle, qui tourne autour de 850K. En 2024, le chiffre devrait ĂȘtre autour de 780K pour remonter progressivement autour de 850K sur 2025-2026.
Et dans un marchĂ© qui tourne au ralenti, il y a trop dâintermĂ©diaires. Les agences physiques rĂ©sistent mieux, mais les mandataires, plus prĂ©caires et plus exposĂ©s, quittent massivement le secteur. Les agences traditionnelles elles aussi cĂ©dent sous la pression : 1 232 ont fermĂ© en 2024, une hausse de 225 % par rapport Ă 2023.
Mais pour SPI, la tempĂȘte est loin dâĂȘtre terminĂ©e.
đPlaza hawaĂŻenne
Le 21 septembre 2023, Mediapart lĂąche une bombe : StĂ©phane Plaza est accusĂ© de violences par trois anciennes compagnes13. Lâanimateur dĂ©ment et contre-attaque en dĂ©posant plainte Ă son tour.
M6 rĂ©agit avec prudence. La chaĂźne annonce lâouverture dâune enquĂȘte interne tout en maintenant Plaza Ă lâantenne, au nom de la prĂ©somption dâinnocence. Mais en coulisses, câest la panique.
SPI est dĂ©jĂ fragilisĂ© par un marchĂ© en crise, et les franchisĂ©s, dont le nombre diminue (prĂšs de 100 agences perdues en un an), sâinquiĂštent de plus en plus. Dans le mĂȘme temps, la chaĂźne doit gĂ©rer une fronde en interne : certains rĂ©clament des mesures plus fermes. Y compris deux animatrices phares qui menacent la direction.
Un mois plus tard, le parquet ouvre une enquĂȘte, mais Plaza ne lĂąche rien. Il contre-attaque en mobilisant plusieurs de ses proches pour dĂ©poser plainte contre ses ex-compagnes. Et plusieurs figures de lâantenne, dont Karine Lemarchand, montent au front pour le dĂ©fendre14.
« Je mâĂ©tonne. AprĂšs ce quâelle dĂ©crit comme une agression, elle reste encore six mois avec lui. Et continue, plusieurs mois durant, Ă Âtravailler avec celui quâelle considĂšre comme son bourreauâ?â»
Lâaffaire sâĂ©tire sur 18 mois, au fil de nouvelles rĂ©vĂ©lations, de nouvelles plaintes de Plaza et dâun embarras grandissant pour M6. En rĂ©alitĂ©, tout le monde attend la mĂȘme chose : un verdict.
En mars 2024, un journaliste annonce que Patrick-Michel Khider va dĂ©missionner et que le rĂ©seau va changer de nom. Lâinformation est fausse, mais selon plusieurs sources, un proche de M6 aurait testĂ© lâidĂ©e du changement de marque en faisaint fuitant lâintox, mĂȘme si la dĂ©mission de Khider nâa jamais Ă©tĂ© Ă©voquĂ©e.
Le lendemain, Ronan Lebas, prĂ©sentĂ© comme le directeur dâune agence SPI, dĂ©barque sur Touche Pas Ă Mon Poste sur C8 pour dĂ©mentir lâinformation et assurer quâune visio a eu lieu avec StĂ©phane Plaza. Une information Ă©trange, puisque lâanimateur nâa aucune responsabilitĂ© opĂ©rationnelle dans lâentreprise. Pourtant, il rĂ©unit des franchisĂ©s et sâexprime au nom du rĂ©seau.
Ce quâHanouna ne prĂ©cise pas, câest que Ronan Lebas nâest pas un franchisĂ© lambda. Proche de Plaza, il dirige les deux agences du 7e et du 15e arrondissement de Paris, les premiĂšres ouvertes par la franchise. Depuis des annĂ©es, il dĂ©fend SPI et surtout Plaza, dans les salons et dans les mĂ©dias. Mais si lui pensait gagner en influence, il se murmure en haut lieu que câest tout lâinverse.
La question du nom de la franchise reste donc en suspens, au grand dam ce ceux qui le voient au dessus de leur porte dâentrĂ©e chaque matin, et disent rĂ©guliĂšrement dans la presse subir les remarques de leurs clients.
đŠ Plaza merguez
Le 18 fĂ©vrier dernier, la sentence tombe : StĂ©phane Plaza est condamnĂ© Ă 12 mois de prison avec sursis pour violences habituelles par concubin. M6 applique immĂ©diatement le plan prĂ©vu de longue date et le retire de lâantenne. La chaĂźne Ă©tait prĂ©parĂ©e Ă cette issue ; câest plutĂŽt un acquittement qui aurait Ă©tĂ© problĂ©matique, car en interne, son dĂ©part Ă©tait dĂ©jĂ actĂ©, mĂȘme si certains cadres auraient voulu le sauver.
Dans les agences SPI, la rĂ©action est Ă lâimage du pays. Certains franchisĂ©s estiment que cela relĂšve de sa vie privĂ©e, dâautres considĂšrent quâil ne doit plus sâexprimer publiquement, dâautres encore trouvent la peine trop lĂ©gĂšre. Mais au fond, leurs opinions importent peu. Ce quâils vivent, câest le malaise dâarborer le nom dâune cĂ©lĂ©britĂ© dĂ©chue, dans un marchĂ© dĂ©jĂ en souffrance.
Nombreux sont ceux qui quittent le rĂ©seau, et beaucoup en profitent pour raconter leur dĂ©part dans la presse locale, cherchant Ă se repositionner. Depuis la condamnation, une dizaine dâagences ont dĂ©jĂ annoncĂ© leur sortie15.
Mais partir a un prix. En off, deux franchisĂ©s mâĂ©voquent des frais de rupture de plusieurs dizaines de milliers dâeuros. Un troisiĂšme me parle mĂȘme de plus de 100K⏠dâindemnitĂ©s. Il a dĂ©jĂ entamĂ© des discussions avec un autre rĂ©seau, mais il lui reste encore plusieurs annĂ©es de contrat Ă honorer.
Mercredi, une rĂ©union de crise Ă©tait programmĂ© entre lâactionnaire et les franchisĂ©s qui sâattendaient (enfin) Ă des mesures fortes vu que M6 CrĂ©ations avait eu un long moment pour rĂ©flĂ©chir, et que la chaĂźne semblait dĂ©jĂ avoir un plan de sortie. Eh bah⊠non.
Pas de changement de nom ;
Pas de sortie de Plaza du capital (qui couterait trĂšs cher Ă M6) ;
Pas de réductions de couts de sortie de la franchise.
Aux 568 rescapĂ©s, il nâa Ă©tĂ© question que dâune rĂ©duction de lâabonnement mensuel.
Mais rien sur Plaza.
La raison, câest quâen haut lieu, la question diviser toujours, et toutes les options seraient encore aujourdâhui sur la table.
La dĂ©sormais moins probable : soutenir Plaza. Un temps, il Ă©tait envisagĂ© un documentaire pour soutenir lâanimateur, avec des figures connues, mais plus personne nây croit. Dâautant que Plaza nâest plus la cash machine publicitaire quâil a Ă©tĂ© : les programmes quâil incarne gĂ©nĂšrent 7 fois moins de revenus publicitaires que lorsquâil Ă©taient au sommet.
La plus radicale : fermer le rĂ©seau. Mais Ă lâinstant de StĂ©phane Plaza, StĂ©phane Plaza Immobilier est une machine Ă cash pour M6 CrĂ©ations, oĂč il reprĂ©sente plus dâun tiers des revenus. Sur les 18,6M⏠de CA en 2023, 6,5M⏠viennent de SPI, quand lâautre, filiale, M6 Editions nâaffichait que 419K⏠de CA pour 107K⏠de dividendes.
Le plus Ă©vident : le changement de nom. Câest Ă©videmment la piste qui a Ă©tĂ© le plus soutenue, sauf que personne ne sâest accordĂ©e sur la façon de faire. Faut-il mettre le nom dâune Ă©mission ? Trouver une autre incarnation ? Lancer un autre programme ? Coller le nom de la chaĂźne ? Inventer une nouvelle marque ? Autant de question qui ne se tranchent jamais rapidement dans un groupe dâune telle envergure, aux gigantesques ramifications, et qui en plus a changĂ© de patron lâannĂ©e derniĂšre, lâhistorique Nicolas de Tavernost ayant Ă©tĂ© remplacĂ© par David Larramendy, lâex-patron de M6 PublicitĂ© et M6 Interactions. Une source me glisse nĂ©anmoins que ça pourrait contractuellement poser un problĂšme vis-Ă -vis de lâanimateur, et quâil y a un gros sujet juridique entre dâun cĂŽtĂ© la faute quâil a pu commettre et qui a nuit Ă lâentreprise, et de lâautre cette mĂȘme entreprise dont le succĂšs est du Ă sa propre image. Et le droit nâa jamais de rĂ©ponse binaireâŠ
La facilitĂ© : attendre. Câest de facto ce qui a Ă©tĂ© choisi. Parce que peu importe la solution choisie, sa mise en place va prendre du temps, va couter cher, et ne se fera quâau bon vouloir des franchisĂ©s (et des clients). Toute crise a un dĂ©but et une fin, au moins mĂ©diatiquement. Une reprise du marchĂ© couplĂ© Ă des franchisĂ©s qui ferment faute de business et des autres qui croient au projet peut tout simplement relancer tranquillement la machine sans encombre.
Pourtant, dĂ©but 2024, il a avait Ă©tĂ© actĂ© par M6 que Plaza serait sorti de lâantenne :
Par la petite porte en cas de condamnation ;
En lui laissant raconter ce quâil veut en cas dâacquittement.
Avec lui, les deux Ă©missions phares produites par RĂ©servoir Prod, en pause de tournage depuis plusieurs mois, devaient Ă©galement sâarrĂȘter. La question nâĂ©tait donc pas de savoir si Plaza partirait, mais comment. Pourtant, au fil de lâannĂ©e, la stratĂ©gie semble avoir Ă©voluĂ©. Pourquoi ce revirement ? Difficile Ă dire.
Du cÎté de SPI, Patrick-Michel Khider a lui quitté la présidence en décembre dernier, laissant la place à Gilles Charron, ancien directeur commercial, depuis DG en 2020. Khider avait repris le rÎle à la mort de Crémiers en 2019.
Mais en coulisse se trame une autre histoire dont certains aimerait quâelles soient lâaprĂšs-Plaza.
đ Plaza pepperoni
Fin 2023 M6 lance sur 6ter et W9, Proprio Ă tout prix. LâĂ©mission, produite par Bruno Waitzmann, nâest pourtant pas une nouveautĂ©. Elle avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© diffusĂ©e sur TMC, avec une dĂ©clinaison web baptisĂ©e ImmoBuzz, qui avait connu un succĂšs⊠disons limitĂ©. Ă lâĂ©poque, la production SoLobby avait attirĂ© quelques figures dâInternet, comme Kemar ou Babor, mais lâĂ©mission manquait de direction et nâavait jamais trouvĂ© son public.
Mais M6 voit le potentiel :
Un programme sur lâimmobilier,
Peu coûteux à produire,
Adapté au digital.
Allez go.
Mais SoLobby est en difficultĂ©. En Ă©tĂ© 2023, lâentreprise est placĂ©e en cessation de paiements et liquidĂ©e. M6 intervient in extremis, signant un contrat malgrĂ© des audiences limitĂ©es (tout juste 300K tĂ©lĂ©spectateurs / Ă©mission). Un scĂ©nario qui rappelle la faillite de Stars, le producteur du programme sur TMC, qui avait conduit Ă sa dĂ©programmation par TF1.
LâĂ©mission a toutefois un avantage : si Bruno Waitzmann apparaĂźt parfois Ă lâantenne, ce sont surtout des mandataires immobiliers qui se relaient devant la camĂ©ra. Une exposition qui nâest pas gratuite : chaque participant paie entre 10K⏠et 20K⏠pour six mois de prĂ©sence Ă lâĂ©cran, avec en prime une obligation de reverser des royalties.
Alors, est-ce lĂ lâavenir de SPI ? Pas vraiment.
Dâabord, parce que le projet repose exclusivement sur des mandataires immobiliers, et non sur des agents immobiliers, ce qui oblige lĂ©galement Ă sâappuyer sur un titulaire de carte professionnelle.
En mars 2024, Bruno Waitzmann crĂ©e donc Proprio Ă tout prix LâAgence (PATP LâAgence). Il en dĂ©tient 51%, son frĂšre Julien 24% et le dernier larron est Christophe Al Youssef, ancien directeur dâagence Century 21, aujourdâhui Ă la tĂȘte de sa propre agence Ă SĂšvres. Un visage familier de lâĂ©mission⊠et surtout, un agent immobilier avec sa carte pro.
Mais en octobre 2024, Al Youssef quitte le projet, remplacĂ© par Marie-ThĂ©rĂšse Gauthier, autre figure historique du programme, elle aussi agent immobilier. Le siĂšge social est alors dĂ©placĂ© dans les bureaux de Gauthier, oĂč la premiĂšre agence doit ouvrir⊠juste Ă cĂŽtĂ© dâAmiltone Immobilier, sa propre agence.
Dans une interview Ă LâInformĂ©16, Waitzmann annonce de grosses ambitions.
« Il nâest pour nous nullement question dâaller concurrencer les grands rĂ©seaux mandataires avec des milliers de collaborateurs. Nous visons Ă terme jusquâĂ 500 collaborateurs tout au plus, car il faut aussi que chacun puisse bĂ©nĂ©ficier rĂ©guliĂšrement de passages tĂ©lĂ©. »
TrÚs loin des gros acteurs come IAD (14K), Safti (5K), BSK (4K) ou CapiFrance (2,5K) mais de quoi arriver autour de la 15e place des plus gros réseaux, devant MeilleursBiens (400) ou Liberkeys (150).
On peut nĂ©anmoins sâinterroger sur ce timing dâun article qui sort le 17 fĂ©vrier, veille du procĂšs, trĂšs mĂ©diatique, de Plaza, et qui est principalement tournĂ© autour de lâinterview de Waitzmann. Une opĂ©ration de communication bien plus efficaces que les quelques petits rĂ©seaux vautours qui publient rĂ©guliĂšrement des appels du pied pour appĂąter les futur-ex-franchisĂ©s SPI.
Du cĂŽtĂ© de M6, on regarde en rĂ©alitĂ© tout ça de loin (malgrĂ© mon titre un peu tapageur). Sous couvert dâanonymat, un cadre mâexplique que le groupe nâa de toutes façons pas Ă©tĂ© sollicitĂ© officiellement, et quâil ne serait sans doute pas Ă©tĂ© trĂšs chaud pour se lancer. Tant sur le fond que sur la forme.
Pour autant, le service juridique suit lâaffaire de prĂšs, comme il le fait avec Blast, la plateforme de crowdfunding dâAnthony Bourbon, Ă©galement co-animateur sur une Ă©mission du groupe. Blast a interdiction dâutiliser le nom de lâĂ©mission ou de la chaĂźne dans ses communications, et chaque prise de parole est surveillĂ©e de prĂšs.
Mais en interne, une autre question suscite un certain malaise : le financement du programme. Parce que câest en rĂ©alité⊠la dĂ©finition mĂȘme dâune publicitĂ©, alors que ce nâest jamais indiquĂ© ni directement, ni indirectement, lors de la diffusion.
Le site de lâĂ©mission passe dâailleurs volontiers sur ce dĂ©tail financier.
đ Plaza chicken-curry
Difficile de juger 2 dĂ©cennies par un coup de rĂ©troviseur, en regardant les dĂ©cisions de 2005 par le prisme de 2025. Comme disant un grand poĂšte français : les temps changent. Et en lâoccurrence pour SPI, difficile de savoir Ă quel moment ça va changer (ou pas).
. Comme la tĂ©lĂ© linĂ©aire face au streaming, comme lâagence physique face aux mandataires, comme le DPE face aux normes toujours plus contraignantes, certaines choses changent, dâautres sâaccrochent, et dâautres disparaissent.
Lâhistoire montre nĂ©anmoins Ă quel point lâincarnation permet dâinstaller une marque rapidement dans un marchĂ© disputĂ©, malgrĂ© les barriĂšres Ă lâentrĂ©e. Mais montre Ă©galement un des risques de ces incarnations trop fortes, Ă lâimage dâElon Musk dont on parlait ici la semaine derniĂšre.
Cela dit, si beaucoup dâagents disent subir lâaffaire Plaza⊠rien ne le dĂ©montrent vraiment. Que certains, peut-ĂȘtre beaucoup, aient subi des remarques, il nây a pas Ă le remettre en doute. Mais lâimpact rĂ©el sur le business est difficile Ă dĂ©terminer, tellement il y a des facteurs de confusion dans un marchĂ© globalement en replis.
Comme depuis le dĂ©part, lâavenir de StĂ©phane Plaza Immobilier, et probablement de StĂ©phane Plaza en tant que personne mĂ©diatique, est dans les mains dâM6.
Quant aux agents immobiliers, ils vont devoir subir un peu plus des dĂ©cisions quâeux non plus, ne maĂźtrisent pas.
StĂ©phane Plaza : âĂa fait 15 ans que je suis sur M6, jâai commencĂ© Ă gagner plus Ă la tĂ©lĂ© que dans lâimmobilier au bout de 8 ou 9 ansâ, JĂ©rĂ©my Patrelle, GQ, 20 janvier 2021
Article 4 de la loi n° 2014-366 du 24 mars 2014 pour l'accÚs au logement et un urbanisme rénové, qui modifie la loi Hoguet (70-9 du 2 janvier 1970)
Une obligation confirmée par le décret n°2015-1090 du 28 août 2015 fixant les rÚgles constituant le code de déontologie applicable à certaines personnes exerçant les activités de transaction et de gestion des immeubles et des fonds de commerce
Ouais, câest mot est trop cool.
La fortune XXL empochĂ©e par StĂ©phane Plaza grĂące Ă ses agences immobiliĂšres, Emmanuelle Paquette, LâInformĂ©, 7 fĂ©vrier 2023
Oui, en vrai, jâavais la flemme de refaire ce que jâavais fait en 2023 en recompilant lâintĂ©gralitĂ© des donnĂ©es, alors que le rĂ©sultat est le mĂȘme.
Source : L'Observatoire Crédit Logement/CSA
Source : FNAIM
Source : IGEDD dâaprĂšs DGFIP (MEDOC) et base notariales
Graph : Notaires de France
Des chiffres plus rĂ©cents ne changent pas le sujet, ils permettent juste de montrer quâon arrive autour de 800-825K transactions, ce qui est donc dans la moyenne 20 ans.
Source : Banque de France, 12 aout 2023
Graph : Le Parisien
Lâanimateur StĂ©phane Plaza accusĂ© de violences sur trois anciennes compagnes, Sarah Bretes, Mediapart, 21 septembre 2023
Karine Le Marchand sur Stéphane Plaza : « à la limite, c'est un goujat mais je ne l'ai jamais vu violent », Sophie Noachovitch, Paris Match, 25 octobre 2023
Affaire Stéphane Plaza : des dizaines d'agences immobiliÚres cherchent à fuir son réseau, Capital, 18 février 2025
LâĂ©mission « Proprio Ă tout prix » (M6, 6ter) lance son rĂ©seau immobilier, Guillaume ChazouillĂšres, LâInformĂ©, 17 fĂ©vrier 2025